L'Hiver, Retour vers l'intérieur:
avec l'aide de la pratique de Méditation de Pleine Conscience

Conférence du Docteur Yann Rougier:
Méditation : de la pratique spirituelle
aux programmes de neurosciences appliquées
Désormais objet de nombreuses études scientifiques, la méditation apparaît comme un recours efficace contre le stress ou la souffrance, en ces temps d’incertitudes et de changements brutaux. Les neuroscientifiques Christophe André et Antoine Lutz ont largement contribué à sa démocratisation, avec des bénéfices-santé clairement établis.
Fondamentalement le stress est une réponse à des situations inhabituelles et à ce titre, il est normal et utile. Mais cette réponse peut être exagérée, disproportionnée ou trop longue dans des situations de stress chronique. De même, nos schémas habituels nous poussent à ignorer ou essayer d'éviter la souffrance. Nous y répondons alors de manière automatique, que parfois nous regrettons ensuite. Par exemple de l’irritabilité, de l’agressivité voire de la violence physique ou psychologique, ou encore des ruminations, des crises de panique ou des jugements excessifs contre soi-même ou les autres. Ce qui ouvre alors le cercle infernal de « l’effet, nourricier de la cause » … jusqu’à épuisement : le Burn-out ou l’émergence de maladies physiques dormantes via nos systèmes immunitaires ou hormonaux en lien direct avec notre système nerveux (pensées et émotions : premières cibles du stress chronique…)
Plusieurs études longitudinales en imagerie cérébrale ont pu mesurer l’impact des pratiques de la méditation sur la neuroplasticité du cerveau, autrement dit sa capacité à créer, défaire ou réorganiser les réseaux de neurones et les connexions de ces neurones. Cette plasticité peut s’observer en réponse à une intervention de méditation dans les fonctions et l’anatomie du cerveau. Elle se voit notamment dans le cortex insulaire, une région importante pour l’intéroception – la faculté à évaluer correctement notre activité physiologique, par exemple notre rythme cardiaque – et dans le cortex préfrontal, région essentielle pour les processus cognitifs (nos pensées structurées conscientes) complexes. Ces changements structurels sont associés à des changements positifs dans les performances dans des tâches d’attention et de régulation des émotions.
Les neurosciences présentent l’avantage (très parlant pour de la crédibilité spontanée et de la motivation de pratique) d’apporter des mesures objectives dans un domaine qui touche de très près à l’intimité de soi-même, à nos émotions, à nos souffrances, choses très subjectives.
En conclusion : la pratique de la méditation permet, en priorité, de répondre, (puis d’anticiper par la prévention) à ces souffrances chroniques progressives, en cultivant trois capacités de l’être humain.
- La première est celle qui nous permet de prendre conscience de tous les changements auxquels nous sommes exposés dans notre vie quotidienne, et de nos réponses, souvent automatiques, à ces changements.
- La deuxième est notre capacité à lâcher prise, c’est-à-dire à prendre conscience de la dimension illusoire de certaines réactions, pensées ou émotions du mental, qui risquent d’amplifier notre mal-être.
- La méditation permet, enfin, d’exploiter cette troisième faculté que nous avons de cultiver la résilience, la tolérance et la bienveillance vis-à-vis des obstacles et des défis de la vie.